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Un entomologiste de renom
Si Jean-Henri Fabre préférait le nom de naturaliste – celui qui pratique les sciences naturelles, notamment la botanique, la zoologie ou encore la minéralogie – à celui d’entomologiste –- celui qui étudie les insectes –-, nul autre que lui n’a débrouillé avec autant de sagacité la psychologie de l’insecte. Une passion qui lui apportera une gloire internationale.
Psychologie de l’insecte
C’est dans son Harmas que J.-H. Fabre se livre pleinement à l’étude des insectes, une des passions de sa vie, cultivée depuis l’adolescence. Préférant les étudier vivants, il réalisera peu de boîtes entomologiques. Il les observe patiemment, notant les détails de leurs comportements, ce qui fait de lui un des précurseurs de l’éthologie. Il s’aperçoit qu’on en sait bien peu sur eux, malgré les travaux de son maître Réaumur et d’une poignée d’autres observateurs. Les pages s’accumulent sur sa petite table de travail. Il en publie certaines dans des revues scientifiques, s’attirant les louanges de l’Institut national des sciences et des arts. Charles Darwin va jusqu’à le qualifier d’«observateur inimitable », tandis que Victor Hugo le surnomme « Homère des insectes ».
Espèces fétiches
Ses sujets d’observation favoris ? Deux groupes d’insectes : les coléoptères et les hyménoptères. Les premiers (dont le scarabée sacré, ou bousier) comptent le plus grand nombre d’espèces, et ont en outre la gloire d’avoir été portés au rang des dieux dans l’Égypte ancienne. J.-H. Fabre ne s’intéresse pas aux mythes, mais à la réalité des soins donnés à la préservation des jeunes, avec la fameuse boule des scarabées, façonnée, longuement roulée, puis enfouie, que la femelle transformera en poire où elle pondra. Les seconds réunissent notamment les abeilles et guêpes, elles aussi toutes dévouées à leur progéniture. J.-H. Fabre s’intéresse également à la cigale, que la fourmi vient piller au contraire de la fable – observation qui lui inspirera un poème en provençal –, aux araignées géomètres, à la mante religieuse aux noces barbares, aux sauterelles et aux grillons… Son terrain d’observation n’a de limites que celles de la biodiversité provençale de son cher Harmas.
Renommée planétaire
Homme de Lettres autant que de Sciences, J.-H. Fabre a le désir de vulgariser les résultats de ses recherches. À partir de 1879, il publie la première des dix séries des Souvenirs entomologiques — au total, 10 volumes et 4 000 pages—, mêlant à ses descriptions des souvenirs d’enfance et des réflexions philosophiques. Très remarquée, l’œuvre est traduite en 14 langues : en anglais (environ 50 volumes, dont une édition en 14 tomes parue à New-York et à Londres, tandis que des extraits sont publiés en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud) ; en italien (une édition en 1924, une autre en 1936, ainsi que de très nombreux extraits) ; en espagnol (trois volumes de morceaux choisis publiés à Madrid et une série de 10 tomes à Buenos Aires en 1947) ; en japonais (de multiples éditions, dont les premières datent de 1909, tandis que l’une des dernières, parue en 1991 aux éditions Shueisha de Tokyo, s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires). Les Japonais considèrent J.-H. Fabre comme un modèle d’homme de sciences et de lettres et, à ce titre, son œuvre est toujours au programme en école primaire.