La terrasse ventoux

Français

L’ascension du Mont Ventoux est toujours une aventure ! Provisions de bouche et bagages chargés, voici mon père sur le départ pour une expédition aux côtés de plusieurs scientifiques, dont ces amis Bernard Verlot et Théodore Delacour. Il n’oublie pas son baromètre pour relever l’altitude où poussent les plantes, ni sa boussole pour s’orienter. Mais ce n’est pas son seul atout pour se diriger ! Ce jour-là, le groupe de randonneurs se perd dans le brouillard. Guidé par ses connaissances en botanique, mon père entreprend de retrouver le chemin du refuge en tâtant la végétation autour de lui, recherchant des plantes poussant proches des habitations, comme l’ortie dioïque.

« Au milieu de l'obscurité de nuage, il est impossible de se voir l’un l’autre, à la distance de deux ou trois pas, et je suis le seul des sept qui connaisse les localités. Pour ne laisser personne à l’abandon, nous nous prenons par la main, et je me mets moi-même en tête de la chaîne […]  De ma main libre, je fauche dans l’air, tout en cheminant. À chaque piqûre ressentie, c’est une ortie, c’est un jalon. Nos compagnons n’ont guère foi en ce mode de recherche. Plus confiant dans le flair botanique, qu’il possède si bien lui-même, Verlot se joint à moi pour insister dans nos recherches, pour rassurer les plus démoralisés et leur démontrer qu’il est possible, en interrogeant de la main les herbages, d’arriver au gîte malgré l’obscurité. On se rend à nos raisons ; et peu après, de touffe d’ortie en touffe d’ortie, la bande arrive au Jas. » 

Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, Études sur l’instinct et les mœurs des insectes, Série I, chapitre 13. Sciences Nat. Éditeur, 1987 

English

Climbing Mont Ventoux is always an adventure! Food provisions and equipment loaded, here is my father about to depart on an expedition in the company of several scientists, including his friends Bernard Verlot and Théodore Delacour. He always remembered to bring his barometer to record the altitude at which certain plants grew, and his compass to guide him. But on this particular expedition, my father had to rely on something else for direction. In heavy fog, the group of hikers soon got lost. However, guided by his knowledge of botany, my father set out to find the path to the refuge by feeling the vegetation around him, looking for plants that grow close to houses, like nettles.

“In the darkness of the mist it was impossible to see one another two or three paces off, and I alone of the seven knew the locality. In order to leave no one behind, we took each other’s hands, I placing myself at the head of the line. […] I swept my free hand through the air as I walked, and at each sting felt, I knew there was a nettle and an indication. Our companions showed no faith in this style of research. More confident in the botanical instinct so keen in himself also, Verlot joined with me in persisting in our search, reassuring the most demoralized, and showing that it was possible by questioning plants with our hands to reach our destination in the darkness. They yielded to our reasoning, and shortly after, from one clump of nettles to another, the party arrived at the Jas.” 

Crédits

Réalisation : Akken 
Voix françaises : Sonia de Rodellec, Sébastien Landry 
Voix anglaises :  Annabelle Broad, Steve Smith
Créations sonores et musicales : Ludovic Finck 
Mixage : Léonard Lelièvre 
Assistante de production : Lola Perret